La Châtaigne et le Châtaignier
en Cévennes

Un peu
d’histoire

Fruits symboles d’un vaste territoire, les châtaignes et marrons ont nourri des hommes et leurs troupeaux au cours de nombreux siècles en les préservant souvent de la famine. L’aire de culture du châtaignier a évolué aux grés des variations démographiques jusqu’à devenir au XIXème siècle le pilier de l’économie de nos régions.

Dès le XIème siècle
on assiste au premier développement des châtaigneraies cévenoles. La châtaigneraie à fruits, remplace les hêtraies et les chênaies naturelles. La châtaigne est présente tous les jours dans l’alimentation de l’époque comme le montre l’importance des redevances féodales affectées aux parcelles. Cependant, après 1300, le territoire est marqué par des variations climatiques, des épidémies de peste ainsi que la guerre de cent ans ; qui entraînent une forte récession démographique et un abandon partiel de la châtaigneraie

Au XVIème siècle,
la forte croissance de la population cévenole se traduit par un renouveau : une extension des châtaigneraies. C’est à cette période que sont construites la plupart des murettes, servant à retenir la terre et orienter les eaux de ruissellements vers des collecteurs naturels, les valats, ou construits, comme les trencats ou robinas.

La châtaigneraie devient la première ressource alimentaire du pays créant une relation d’interdépendance entre l’arbre et l’Homme.
Au-delà de l’usage quotidien dans l’alimentation humaine, les châtaignes servent de nourriture aux cochons, les feuilles du châtaignier de fourrage aux chèvres et aux moutons, son bois est utilisé pour les charpentes, les planchers les meubles de la maison, et ses rejets pour la vannerie.

Du XVIème au XVIIème siècle,
l’importance de la ressource alimentaire castanéicole a contribué à la résilience des Cévenols durant les périodes de conflits, notamment pour les protestants et les camisards pendant la guerre des religions. Depuis, le commerce des châtaignes ne fait que croître, malgré la concurrence avec le mûrier pour l’élevage du ver à soie au XVIIIème siècle.

L’année 1709 restera dans la mémoire cévenole, tant la très forte gelée ruina la châtaigneraie, entraînant le pays dans la disette. Les récoltes de l’année entière furent détruites et les futures récoltes compromises car les arbres sont fortement gelés. Renouveler les châtaigneraies par recepage nécessite une quinzaine d’années avant d’espérer une production significative. L‘« arbre à pain » reste cependant le pilier de l’alimentation humaine et animale pendant les guerres et les crises alimentaires du XIXème et jusqu’au milieu du XXème siècle.

C’est vers le milieu du XIXème siècle,
que l’expansion des châtaigneraies atteint son apogée. Les Cévenols ont plantés et cultivés des arbres en diversifiant les variétés pour les adapter au mieux aux configurations d’implantations, aux aléas climatiques et aux différents usages. On dénombre ainsi environ 130 variétés sur les châtaigneraies des Cévennes.

Le XXème siècle,
marque à la fois un déclin, puis une mutation du paysage castanéicole des Cévennes. Au début du siècle, l’apparition de maladies, l’exploitation de tanins extraits du bois et l’exode rural provoquent une forte régression de la châtaigneraie. De nombreux propriétaires quittent les Cévennes et vendent les châtaigneraies à des compagnies d’exploitation pour la fabrication de tannants. Rapidement envahies par des rejets de souches, et des espèces colonisatrices, les vergers se transforment en peuplements forestiers et en taillis.

Les vergers entretenus et exploités, quant à eux, sont soumis à de nombreuses maladies qui font leur apparition depuis la fin du XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui.

Même si elle a été un temps délaissée, notre châtaigneraie fait l’objet depuis plus d’une vingtaine d’années d’une formidable remise en valeur.
Malgré les maladies et les changements climatiques, les castanéiculteurs de la région se sont mobilisés pour défendre les châtaigneraies, patrimoine à la fois matériel et immatériel de notre région.

 Ainsi, sur les Cévennes, la châtaigneraie bénéficie de nombreux atouts :

des variétés locales traditionnelles, avec des qualités gustatives etvtechnologiques reconnues,

une production ancestrale qui a donné naissance à des savoir- faire qui demeurent,

un potentiel de production important.

La châtaigneraie reste une ressource importante pour les cévenols. Adaptés à un territoire de moyenne montagne, les castanéiculteurs ont développé et conserve un modèle agricole qu’ils défendent. La castanéiculture se prête particulièrement bien à un modèle de polyculture ou à l’élevage de moutons sous les châtaigniers. Essentielle pour le maintien de paysages et la vie de nos traditions, la castanéiculture actuelle en Cévennes reste très peu mécanisée, et sans système d’irrigation.

La castanéiculture est donc restée ici traditionnelle

et les paysages d’aujourd’hui reflètent encore la longue histoire qui la caractérise.

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La châtaigneraie cévenole
en quelques chiffres :

80 000
ha de châtaigniers

1700
ha de vergers

1500
tonnes de châtaignes

600
producteurs

Sur le territoire du Gard, de la Lozère et de l’Héraut, la superficie en châtaigneraie ancienne se situe entre 60 000 à 80 000 ha dont 1 600 à 1 700 ha de vergers sont exploités actuellement. Le volume global de production est de : 1 500 tonnes, ce qui représente le travail d’environ 600 producteurs, généralement en pluriculture.

Conscients de ce potentiel et de l’avenir de la castanéiculture, nous (producteurs et différents acteurs de la filière) avons engagé une démarche de valorisation de notre production castanéicole des Cévennes par un signe de qualité adapté : l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC).
Et depuis 2012, on parle d’AOP : Appellation d’Origine Protégée, signe de qualité équivalent qui s’applique dans toute l’Union Européenne.

Les Hommes,
un savoir-faire commun : des objectifs clairs

Valoriser et développer la production de châtaignes issue de notre territoire :

  • En faisant reconnaître le lien entre la qualité du produit et le territoire,
  • En mettant en avant les spécificités du verger et la complexité de cette culture sur le territoire
  • En faisant valoir le savoir-faire des producteurs en termes de récolte, d’entretien et de transformation.

Répondre à la demande des consommateurs à la recherche de produits naturels, identifiés, identifiables et de qualité (gustative, nutritive et sanitaire).

Améliorer la qualité sanitaire de nos fruits (travail de la production à la transformation).

Travailler sur la filière toute entière afin de la renforcer, de mieux l’organiser et d’avoir une meilleure maîtrise de la production.

La castanéiculture est multifonctionnelle.
Au delà de son rôle de production (économique), la châtaigneraie cévenole assure des fonctions sociales, patrimoniales et environnementales.